Le truc, c'est que parmis mes lecteurs, il y a peut être mon patron actuel, les anciens patrons (mais ca c'est pas grave) et mes eventuels futurs patrons (mais ils comprendront).
Mes collegues aussi, actuels, passés, et à venir.
Ce qui rend l'ecriture de ce post un poil complexe, m'enfin bon... carpe diem.
Je travaille dans l'informatique.
Je ne travaille pas uniquement pour vivre. Je vis aussi pour travailler, et je vis au travail, pendant mes loisirs, pendant que je dors, tout le temps. Je désire une belle vie, et je n'ai pas trop
a me plaindre de ce coté la, et je désire aussi faire un beau travail.
Dans mon travail ne j'engage pas seulement ma responsabilité, mais aussi mon identité.
Je suis, en grande partie, ce que je fais.
Ce qui definie en grande partie une identite aujourd'hui, qu'elle soit numerique ou non, est lié a nos actes et a nos apparences. Bien que j'ai encore un doute sur l'apparence... Mais sur les
actes, j'en suis certain.
Etant un technicien au travail, j'agis, beaucoup.
Beaucoup d'actes en general sans consequences importantes sur mon identité :
"J'agis parce qu'on me demande de le faire, et que je suis payé pour le faire. C'est donc dans l'ordre naturel des choses et il n'y a pas de problèmes. Je fais ce qu'on me dit, je le fais bien, je
suis satisfait de mon travail et de moi même."
Mais on pourrai en dire autant d'un mercenaire. Et on trouve probablement des mercenaires qui vont estimer qu'une belle balle entre les 2 yeux, bien propre et sans bavure, est un travail bien fait
et l'accomplissement d'une journée bien remplie.
Cela tiens principalement à l'éthique, et l'idée que l'on s'en fait.
L'ethique est un garde-fou.
Sans ethique, on arrive, par exemple, à des choses telles que la crise financiere actuelle.
Je suis persuadé que c'est une perte, ou une absence, d'ethique qui nous a mené à la crise économique actuelle.
Ces grandes banques, et ces traders, ont perdu le sens de la réalite, ont mis de coté tout ce qui pouvai se rapprocher à un semblant d'éthique, pour se la jouer "no-limit".
Moi je ne veux pas me la jouer "no-limit", j'ai une ethique.
Pas une ethique bien compliquée, mais quelque chose de tout à fait simple qui se borne a ce qui est communément admis dans le petit monde de l'administration systeme et qui fait qu'un travail est
bien fait.
Travailler "hors limite" implique une souffrance ethique.
Y persister de son plein gré, c'est du masochisme, du dénis de soi... ou de la folie.
Y persister contre son gré, c'est de la torture.
Il y a d'ailleur une étude qui semble interessante, sur la souffrance éthique des chargés de communication.
Le premier reflexe pour certains, dont moi, est de dire : "LOL".
Oui oui... on sait comment ils sont... ou on croit le savoir.
Pourtant j'ai du mal à imaginer que ces gens qui ont une ambition, qui ont fait des études et des efforts pour arriver à leur poste se soient dit :
"j'adore mentir, raconter des conneries pour
embobiner la populasse, j'ai un sens de la censure très developpé. Donc je suis fait pour être chargé de com'". Ils ont peut être, très certainement, du talent pour le faire, mais je ne pense
pas que ca soit leurs ambitions à la base. De ce fait... La souffrance ethique des chargés de communication est quelque chose qui semble assez repandu et qui a fait l'objets d'études tout à fait
sérieuses.
Je ne suis pas chargé de com'
Mon patron me torture.
Je sais que ce que je dois mettre en place, et que je suis en train de mettre en place malgrè tout, ne fonctionnera pas.
Pire, il créera plus de problème qu'il n'en resoud. Et je ne peux rien y faire. Non pas parce que je n'en ai pas les capacités techniques, mais parce que cela ne depend pas de moi. L'informatique
n'est pas qu'un ensemble d'outils isolés, mais tout un écosystème.
Sachant cela, je me suis appliqué a faire en sorte que les prérequis necessaires au bon fonctionnement de la raison même de mon embauche soient mis en place. Mais ces prerequis sont plus liés à
l'organisation, aux méthodes de travail, que technique. Je fais ce que je peux à ce niveau la.
Grosso modo, je le vois bien, c'est peine perdue. Car mes efforts en ce sens restent lettre morte.
J'ai mis mon éthique de coté, une fois, puis j'ai arreté l'informatique pendant plus de 4ans. Je ne le referai pas.
Mais pourtant... que puis-je faire d'autre ?
C'est une torture.
Pourquoi ? Parce que quand mon travail m'oblige à "mal travailler", quand ce que je fais est contraire à mes valeurs morales, c'est le spectre de la honte, à l'origine de la souffrance éthique, qui
apparaît.
Cette dernière phrase plus belle que nature est une citation.
source :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/09/12/m-huez-il-y-a-une-crise-de-la-finalite-meme-du-metier-de-cadre_1094787_3224.html